Le XIXe siècle fut en France celui de la théorie de la dégénérescence. Qu’entendait-on par là ? Selon J. Hochmann(1), cette dernière « stipulait que les malades mentaux mais aussi les rachitiques, les goitreux, les syphilitiques, les tuberculeux ou les cancéreux représentaient un rameau déviant de l’espèce affecté d’une tare transmise, en s’aggravant, de génération en génération et qui trouvait principalement ses causes dans l’alcoolisme, les nuisances industrielles, les mauvaises conditions de logement et d’alimentation et le défaut d’éducation morale ». Dans l’imaginaire bourgeois nourri d’une presse avide de sensationnalisme et d’une littérature zolienne réellement persuadée — à travers le naturalisme — de décrire scientifiquement l’évolution biologique et mentale des individus de la classe ouvrière, on croit en effet fermement aux théories de Magnan ou de Morel pour lesquels « les différentes intoxications se mélangent alo …
Vous devez être abonné pour visualiser cette page.
Si vous êtes déjà abonné, veuillez-vous connecter.
Dans le cas contraire, abonnez-vous dès à présent.
Si vous êtes déjà abonné, veuillez-vous connecter.
Dans le cas contraire, abonnez-vous dès à présent.
Notes et références
- On assiste au XIXe siècle à la naissance d’idéologies eugénistes, avec par exemple et entre autres la théorie de la dégénérescence en France et en Amérique ou le darwinisme social en Angleterre et en Allemagne.
- Jacques Hochmann, Les théories de la dégénérescence, Odile Jacob, 2018.
- Ibid.
- Ernest Renan, La réforme intellectuelle et morale, Michel Lévy Frères, 1871.
- L’école devient le lieu d’endoctrinement pour la Nation, le lieu où les sciences remplacent la religion, le lieu où le futur citoyen est préparé à accepter le progrès et les différences de classe plutôt que de les contester : « Ne craignez pas d’exercer cet apostolat de la science qu’il faut opposer résolument à cet autre postulat, à cette rhétorique violente et mensongère, […] cette utopie criminelle et rétrograde qu’ils appellent lutte des classes », Jules Ferry, Discours et opinion de Jules Ferry, t.VII, Armand Colin, 1898.
- Paul Bert, Banquet offert à Monsieur Paul Bert par les instituteurs de France, C. Murat, 1881.
- Le Figaro, 23 mai 1896.
- Voir Alain Drouard, Biocratie, eugénisme et sexologie dans l’œuvre d’Édouard Toulouse, in Sexologie, n°16, 2007.
