Trump vient de faire exploser le mondialisme

Ça y est, il l’a fait fait ! Certains sont surpris ou feignent d’être surpris. Peut-être, pensaient-ils qu’il n’oserait jamais passer à l’action. Mais c’est peu connaître le businessman américain. Il l’avait clairement annoncé lors de sa campagne présidentielle et aussitôt dit aussitôt fait, il applique son programme électoral à la lettre. Évidemment cela nous change de la plupart de nos politiciens qui, dès l’élection terminée, oublient leurs promesses de lendemains qui chantent.

Trump vient donc d’instaurer des tarifs douaniers à doses de cheval. Le 2 avril 2025 va incontestablement marquer l’histoire des États-Unis et même celle du monde entier. Ce jour à marquer d’une pierre blanche, Trump l’a surnommé le « jour de la libération ». Et ce n’est pas une fanfaronnade, on peut en effet le désigner comme le premier jour de la fin du nouvel ordre mondial et du globalisme, tel qu’il a fonctionné depuis 1945.

L’onde de choc est occupée à se propager partout sur la planète et les bourses sur les cinq continents dévissent à l’instar des krachs de 1987 ou de 2008. Dans la sphère financière, c’est panique à bord. La Chine hurle, l’Union européenne est en mode panique et les leaders des états courent dans tous les sens, réagissant en ordre dispersé. Le FMI, la Banque mondiale et Davos sont en état d’alerte maximaux. Pourquoi ? Parce que c’est tout le modèle économique de ces soixante dernières années qui est remis en question. Un monde s’effondre et un nouveau apparaît dans le chaos et la fureur.

Évidemment, le responsable est tout trouvé. Pour les médias mainstream, il n’y a qu’un coupable, c’est Trump. Comme jamais la presse internationale se déchaîne et crache son venin contre le Président américain. Mais laissons-là ces experts de plateau télé vociférer et ces plumitifs des journaux tout occupés à pratiquer leur sport favori le « Trump bashing ». Intéressons-nous plutôt à la façon dont Trump a opéré et aux buts et aux conséquences de cette opération historique.

On peut dire que le Président a littéralement mis fin à l’empire américain et cassant la logique des multinationales qui imposaient leur domination sur les souverainetés nationales, en s’appuyant sur la dette des états, dont celle des États-Unis. Arrêter d’être le gendarme du monde, l’hégémon qui utilisait le dollar comme réserve de changes internationale est comparable à ce que fit Mikhaïl Gorbatchev dans les années quatre-vingt en URSS, ce qui aboutira à la dissolution de l’Union soviétique. Bien entendu, Trump ne souhaite pas aboutir à pareille extrémité. Il souhaite juste que l’Amérique reste une grande nation, plus recentrée sur elle-même et en paix avec les autres états. Il désire également s’attaquer à la dette US monstrueuse de trente-six mille milliards de dollars et résoudre cette contradiction majeure qui fait de la monnaie américaine, à la fois une devise nationale et une valeur de réserve.

Mais revenons à ces droits de douane. Comment ceux-ci ont ‑ils été déterminé ? Car, bien sûr ils n’ont pas été tirés au sort dans une casquette rouge « MAGA ». Lorsque présente son tableau le 2 avril dernier, on y voit une liste de pays avec, à côté, deux colonnes. La colonne de gauche représente les droits de douane que les états facturent aux États-Unis et la colonne de droite précise les nouveaux droits de douane appliqués aux importations étrangères. En réalité la colonne de gauche correspond au pourcentage de déficit commercial des USA dans la balance commerciale avec les autres pays. Par exemple, si on prend la première ligne qui correspond à la Chine, on lit 67 %. Cela correspond donc en pourcentage au déficit commercial des USA par rapport à la Chine (1).

Au passage, constatons juste que Trump ne prend en compte que la balance des biens physiques et pas les services, qui eux, sont moins déficitaires dans le commerce mondial, eu égard au poids des Google, Microsoft et compagnie. Quant à la colonne de droite, représentant les nouveaux tarifs, il s’agit juste de diviser par 2 le chiffre de gauche. Pour la Chine toujours, 67 divisé par 2 cela fait bien, à la décimale supérieure 34. Pour le pays pour lesquels les États-Unis sont en excédent commercial, Trump applique un tarif forfaitaire de 10 %.

Ne perdons pas de vue que Trump communique avant tout pour ses concitoyens et en particulier ses électeurs républicains. Il n’en reste pas moins que d’ores et déjà une cinquantaine de pays ont marqué leur intérêt pour des négociations bilatérales avec les USA.

Et la Belgique dans tout cela ? Et bien comme nous faisons partie de l’Union européenne, nous sommes taxés comme tous les autres pays membres de 20 % supplémentaires alors que notre balance commerciale avec les États-Unis est légèrement déficitaire (2). Notre déficit aurait dû nous conduire à un tarif de 10 % au lieu de 20 %. Nous pâtissons donc de notre appartenance au bloc européen. Une mauvaise nouvelle pour les fabricants de Chimay ou de fromage de Herve !

L’imposition à 20 % des pays européens s’explique par la faiblesse de l’euro. Donald Trump avait déjà dénoncé lors de son précédent mandat la concurrence déloyale de l’euro, qui profitait particulièrement aux voitures allemandes, BMW, Mercedes ou Porsche fort appréciées de la « upper middle class » yankee. Au passage donc, l’Europe est mise face à ses contradictions structurelles. À l’intérieur de l’Union et encore plus de sa zone euro, les intérêts économiques industriels, agricoles et commerciaux divergent. L’Europe n’est pas un pays, mais un agrégat d’intérêts divers et variés. Cependant, nous sommes pieds et poings liés aux traités qui stipulent que le commerce est une compétence exclusive de la Commission européenne.

Mais creusons un peu plus loin dans la stratégie de Trump. Lors de sa campagne électorale l’année dernière, il avait claironné sur tous les toits de faire revenir le business à la maison et de stimuler la production industrielle sur le territoire américain. Avec pour conséquences des créations d’emplois nouvelles dans ces secteurs industriels. Toujours le même leitmotiv du « make america great again ». Dans le fond, le diagnostic de Trump est très clair et cohérent : les USA sont les dindons de la

farce de la mondialisation, cela depuis des années.

Il a conclu d’abord que le fameux soft power américain (3) coûtait bien trop cher pour un résultat plus que mitigé. Il faut donc arrêter les frais. Un message entendu cinq sur cinq par les Américains qui a été confirmé dans les urnes et qui a offert à l’élu républicain une légitimité politique déterminante pour activer son programme. Le constat est identique au niveau de la balance commerciale. Le statut d’empire hégémonique des États-Unis explique en partie que les droits de douane sont les plus bas au monde. Il explique aussi le coût de leur défense, puisque les États-Unis déboursent bien davantage que leurs alliés. Ainsi en contrepartie de cette couverture militaire, il permet aux autres états d’utiliser le dollar dans leurs échanges commerciaux, notamment en matière d’énergie. En conséquence de quoi, cette suprématie américaine les autorise à monétiser leur déficit.

En imposant des droits de douane qui correspondent à la moitié du déficit commercial, Trump signifie qu’il veut équilibrer les balances commerciales. Il renonce donc à l’hégémonie mondiale et à son rôle de gendarme du monde. Sa vision géopolitique est nette, claire et précise. Il veut que son pays redevienne un état libre souverain et indépendant, conforme à l’idéal des pères fondateurs des États-Unis. Un état financé par les échanges commerciaux et non par la pression fiscale sur les populations. D’ailleurs, l’étape suivante, déjà annoncée sera la suppression progressive de l’impôt sur le revenu . Rien de moins. Les géants de la mondialisation payeront à la place des contribuables. Les GAFAM, qui sont devenus entre temps les « Magnificent Seven » vont devoir payer. Eux qui construisaient leur fortune en éludant l’impôt.

Comment dans le monde entier des multinationales durant des dizaines d’années ont-elles été autorisées à se soustraire à la taxation de leurs productions, alors que les PME qui fabriquent, produisent et vendent leurs services majoritairement dans l’espace national d’un pays sont matraquées ?

Pour le comprendre, prenons un exemple : Apple, un des célèbres big Tech qui fabrique son fameux iPhone, l’un des smartphones les plus vendus au monde. Si sa recherche-développement est bien implantée aux États-Unis, par contre sa production est délocalisée en Chine. Son coût de fabrication revient grosso modo à 100 dollars. Dans un cas de figure normal et logique, le téléphone serait directement acheminé sur le marché américain, où il serait vendu par exemple mille dollars. Apple devrait alors payer des droits de douane aux USA d’une trentaine de pour cents et tirerait un bénéficie d’environ 800 dollars.

Mais la réalité est toute différente. Avant d’arriver aux États-Unis, le téléphone transite par une filiale d’Apple en Irlande, qui l’achète à 100 dollars à prix coûtant et le revend à la maison mère 900 dollars. En Irlande, les frais de douane sont limités à 4 %. En vertu d’une loi de non double imposition, les marchandises qui passent par la douane irlandaise ne doivent plus être imposées à l’arrivée finale aux USA. Par conséquent, les États-Unis ne perçoivent aucune taxe sur le téléphone (4).

Ce système est pratiqué par l’ensemble des grandes multinationales de par le monde, qui utilise ce système d’optimisation fiscale, parfaitement légal au nom du droit commercial international. On estime à 70 voir 80 paradis fiscaux potentiels dans le monde, qui sont utilisés au gré des besoins et des avantages. C’est sur ce type d’organisation que repose la mondialisation. Le manque à gagner fiscal pour les états est énorme. Ce qui explique aussi les gains gigantesques que ces multinationales s’octroient. Ces entreprises transnationales vivent véritablement dans un monde à part, en ne participant jamais aux dépenses communes des états. C’est ce statut quo cynique dont Trump a mis fin brutalement.

Évidemment, aussitôt les médias mainstream sont montés sur leurs grands chevaux et ont annoncé que le consommateur yankee allait être le dindon de la farce et devoir subir une inflation carabinée. Or, rien n’est moins sûr. Apple se retrouve devant un dilemme. Va-t-il faire passer son iPhone à 1500 $ au lieu de 1000 actuellement ou bien va-t-il absorber l’augmentation des frais de douane dans sa marge bénéficiaire ? Pour rester attractif auprès du consommateur américain, il est fort probable qu’il va opter pour la seconde solution.

L’argent ainsi à nouveau récolté par le trésor américain va permettre de lutter contre le déficit budgétaire. Ces rentrées fiscales vont aussi servir à amortir le risque inflationniste. Parallèlement, pour stimuler la production sur le territoire américain, Trump invite les entreprises étrangères à installer leurs usines aux États-Unis. De la sorte, ces sociétés pourront écouler leurs marchandises sans devoir payer les lourds droits de douane désormais imposés. Aux États-Unis, le taux d’imposition des entreprises au niveau fédéral est actuellement de 21 % (5), un pourcentage assez bas notamment vis-à-vis des taux pratiqués en Europe. À cela ajoutant que Trump a annoncé une baisse de l’impôt sur les sociétés à 15 %. Par conséquent, produire intra-muros aux USA va devenir très compétitif par rapport aux exportations de biens fabriqués en dehors de ce grand marché de 345 millions de consommateurs.

Derrière cet aspect économique se cache aussi une autre réalité politique. Trump est également un homme politique en guerre contre un adversaire redoutable, l’état profond. On connaît le soutien et les corrélations entre les GAFAM et le Parti démocrate. Le mondialisme comme on vient de voir ci-dessus permet à ces multinationales de brasser des milliards, au nez et à la barbe des états et de le réinjecter d’un moins en partie dans l’immense machine à corrompre qu’est le « Deep State ».

Corollairement à la question des droits de douane, avec l’instauration du DODGE (6), le monde s’est rendu compte avec le cas de l’agence USAID (7) que tout cela était une machine à détourner de l’argent public. Elon Musk et ses équipes ne cessent de mettre à jour un nombre incroyable de nouvelles magouilles. Une course de vitesse est lancée par Trump avant les midterms dans 2 ans. La rapidité d’exécution de son administration sidère le monde. Pas une seconde n’est à perdre. Il faut terrasser la bête avant que celle-ci ne se réveille tel un phénix.

L’opération du Président américain n’est absolument pas improvisée. Ce n’est pas un coup de folie, mais un projet mûrement réfléchi par son équipe et mis en place de manière précise et coordonnée. Il vise à recouvrer la souveraineté économique et de nouvelles marges budgétaires en inversant la pression fiscale de l’intérieur vers l’extérieur. Les géants de la « tech » et de la finance comme BlackRock vont devoir contribuer aux recettes du budget US. C’est un rééquilibrage général qu’impose Trump en réduisant l’imposition des PME et des ménages. Un retournement de situation qui n’est, hélas, toujours pas à l’ordre du jour en Europe.

Sans attendre une baisse des marges bénéficiaires de ces sociétés, le Krach boursier les a fait mordre la poussière. En quelques séances, elles ont subi une sérieuse correction (8). Mais somme toute, les cotations sont redescendues de leur « olympe ». Il est vrai que depuis des années, dopées par les politiques de créations monétaires, qui au lieu de s’orienter vers l’économie réelle (Main Street) prenaient plus souvent le chemin vers Wall Street, les valeurs boursières de ces leaders prenaient des hauteurs stratosphériques. Redescendues sur terre, elles retombent à des valeurs plus conformes à leurs réelles performances financières. Certains aussi se posent la question s’il n’y avait pas la volonté de causer ce krach pour transférer les investissements du marché actions vers les marchés obligataires, au bénéfice des revenus de l’état américain.

Les conséquences de ces baisses de profit vont permettre à l’administration Trump de couper également les sources de financement opaque dont bénéficient tous ceux qui gravitent autour et à l’intérieur du Deep State et d’instances internationales comme le WEF de Davos, les ONG, l’Open Society de Georges Soros et de son fils, ainsi que les décideurs politiques qui exécutent les décisions prises dans les arrières-boutiques du CFR (Concil on Foreign Relations) de Bilderberg ou de la Commission trilatérale. L’argent des multinationales qui n’apparaît dans aucune comptabilité nationale transite aisément vers les comptes offshore qui servent aux rétrocommissions pour services rendus, au financement des campagnes électorales, aux opérations de la CIA pour soutenir les opérations de déstabilisation des gouvernements, les révolutions colorées et autres coups tordus dont l’agence de Langley (9) a l’expérience.

Au final, cette opération d’envergure pourrait avoir en cas de réussite des conséquences déterminantes sur le devenir économique mondial. Il peut mettre fin à la domination scandaleuse des multinationales et réorienter les échanges vers les économies réelles à dimension nationale. En somme, nous pourrions revenir à la situation d’il y a soixante ans, lorsque les consommateurs achetaient majoritairement des produits locaux. Bien entendu, on ne reviendra jamais totalement, car, entre temps, le monde a évidemment changé et il faut intégrer la numérisation de nos sociétés, le rôle d’Internet et déjà de l’intelligence artificielle. Mais pour bon nombre de biens que nous consommons tous les jours, nous pourrions davantage choisir des articles nationaux ou locaux.

Plus généralement encore, nous pourrions revenir à une économie du qualitatif plutôt que du quantitatif. Autrefois nos aînés achetaient des biens qui pouvaient durer des années, alors qu’aujourd’hui nous sommes plongés dans l’obsolescence programmée et les objets éphémères. Nos grands-parents achetaient de l’électroménager solide qui fonctionnait parfois sur plusieurs décennies. Ce qui faisait le succès d’une marque. A lieu de basket que nous changeons tous les six mois, on peut revenir aux belles chaussures de cuir qui tiennent dix ans et qui sont ressemelées occasionnellement chez le cordonnier.

Alors vous allez me dire que tout cela n’aura pas le même coût. Certes, les frais de productions pour les fabricants européens sont plus élevés que lorsqu’ils délocalisent dans les pays à bas salaires d’Europe de l’est, d’Asie ou du Maghreb. Mais dès lors qu’on opère une réduction drastique de nos dépenses publiques, qu’on arrête de gaspiller à tout va l’argent des contribuables dans des politiques énergétiques dogmatiques ou le clientélisme électoral en maintenant ou même en multipliant les protubérances étatiques inutiles, alors il y a moyen de dégager des marges et de réduire fameusement la pression fiscale sur les ménages et les entreprises. Ces dernières pourront à nouveau réembaucher à moindre risque et les salariés disposeront d’un pouvoir d’achat bien supérieur à ce qu’il est actuellement. Dès lors, ils auront la capacité d’acheter des biens de consommation plus qualitatifs à prix plus élevé.

En aval, cela peut entraîner une consommation plus responsable, moins compulsive et en amont, conduire à réduire l’impact environnemental par une diminution du fret maritime, aérien ou routier, qui était la conséquence dommageable d’une mondialisation frénétique.

Au lieu de crier au fou avec tous les partisans du globalisme et de sa tyrannie économique dont ils bénéficient outrageusement et qu’ils craignent de perdre. Plutôt qu’aboyer avec les porte-voix d’un système injuste et dominateur, nous devrions ouvrir les yeux et profiter de la crise ainsi créée pour imposer comme le souverainiste Donald Trump un modèle économique plus humain et citoyen.

L’économique ayant la main sur le politique, son changement de paradigme peut entraîner une refondation politique majeure.

Bernard Van Damme

Notes et références
  1. Les USA importent 438 milliards et exportent pour 143 milliards ce qui vous fait un déficit de 295 milliards, ce qui correspond bien à 67 % de 438 milliards.
  2. Les chiffres récents de janvier et février 2025 font état de déficits respectifs de 0,6 milliard de dollars et de 0,8 milliard de dollars, du point de vue belge.
  3. Le soft power américain peut être défini comme l’influence culturelle, idéologique et diplomatique exercée par les États-Unis à travers des moyens non coercitifs, tels que le cinéma, la musique, les valeurs démocratiques et le mode de vie.
  4. https://www.youtube.com/watch?v=3l9vAhY2V70&t=2s (Trump : nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis). André Bercoff reçoit Charles Gave.
  5. Au taux fédéral, il faut aussi ajouter des taux étatiques variables, pour un taux combiné moyen d’environ 25–29 %.
  6. Le Département de l’Efficacité gouvernementale est une initiative visant à réduire les dépenses publiques aux États-Unis.
  7. L’Agence des États-Unis pour le développement international. L’équivalent aux USA du ministère de la Coopération au développement.
  8. Par exemple : Nvidia — 17 %, Apple — 9,25 %, Microsoft — 14 %, Meta (Facebook) — 18 %.
  9. Le siège de la CIA est situé à Langley en Virginie

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